Conférence : Sport et Esport, outils d’attractivité du territoire ?

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Jeudi 17 juin s’est déroulée la première conférence de l’Esport Challenge 2021 !

En guise de cérémonie d’ouverture pour la seconde édition, cette table ronde a permis de nous questionner sur les impacts du sport et de l’Esport sur un territoire et son attractivité.

L’animateur Romain Gazèle a accueilli 5 invités de marque :

Le débat s’est déroulé autour de 2 notions distinctes mais finalement extrêmement liées : l’impact touristique et l’impact économique.

Il en est ressorti 3 idées principales, pour lesquelles tous les intervenants ont apporté leur expérience et leur point de vue :

  • Le Sport et l’Esport sont des outils d’attractivité du territoire
  • Le Sport et l’Esport ne sont pas comparables dans leur structuration, il faut les réfléchir de manière complémentaire
  • Comme le Sport a servi, appuyé et confirmé de grandes évolutions sociales et sociétales, l’Esport est en train de nous mettre face à des évidences dont nous ne pouvons plus détourner le regard.

Replay de la conférence :

Le Sport et l’Esport sont des outils d’attractivité du territoire

Depuis de nombreuses années, les territoires ont compris que le Sport est source d’attractivité pour des touristes, de futurs habitants mais aussi de futurs investisseurs. L’organisation des GESI (Grands Évènements Sportifs Internationaux) a alors pris de l’ampleur, et nous pouvons le constater en Région Sud : Open 13 de Provence, La Mondiale la Marseillaise, La coupe du monde de Football féminin, la coupe du monde de Rugby en 2023 et certaines épreuves des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Leur organisation ne peut se faire par une seule entité, et les collectivités territoriales ainsi que les institutions publiques (offices de tourisme, etc…) deviennent alors parties prenantes et parfois même partenaire principaux de ces évènements. Tout cela vient du fait que les organisateurs ont prouvé l’impact et l’héritage positif direct, indirect et futur que peut apporter un évènement sportif, en termes de consommation locale, d’emploi, d’urbanisation, et d’image (locale, régionale, nationale et internationale).

L’Esport ne déroge pas à la règle de cet impact, mais fait face à différents freins. “Il est difficile de vendre l’idée de l’Esport” (Nicolas Sauvant-Magnet). Discipline encore jeune, elle nécessite encore beaucoup de caution autour de son image, de la part des parents, des investisseurs, des entreprises et des collectivités territoriales : “Certains territoires ont volontairement décidé de ne pas se développer vers l’Esport” (Medhi Hellali).

Aussi, l’Esport nécessite, dans l’organisation d’évènements pros comme amateurs, d’une technicité différente de celle d’un évènement sportif. “Avec l’Esport, il y a moins de dépendance des mégas structures qui sont établies dans le territoire et cela permet de prendre sa place. Il est souhaitable d’avoir de gros évènements Esport, mais il faut s’appuyer sur ceux qui savent faire” (Patrick Jammes).

©DR

Donc Sport et Esport, avec leurs ressemblances et leurs spécificités sont bien des outils d’attractivité d’un territoire. Tout comme le tissus économique et touristique qu’il y a autour, la saisonnalité et les finalités.

Au-delà de ces comparaisons, une notion forte est ressortie : la complémentarité.

Le Sport et l’Esport, deux pratiques complémentaires

Dans sa structuration, l’Esport va à contresens du Sport. En effet, ce dernier s’est développé dans un souci de santé populaire, d’hygiène de vie, et de pratique amateur(e). La professionnalisation du Sport sous toutes ses coutures (encadrement, structuration des clubs, formation et contractualisation des sportifs de haut niveau dans certaines disciplines) a pris plusieurs années en suivant les besoins sociétaux et du mouvement associatif.

L’Esport, dans sa jeunesse, a d’abord pris son essor dans les grands évènements et en professionnalisant directement la pratique. L’absence de fédération reconnue et structurante fait que l’Esport n’a pas d’esprit d’attachement au club mais davantage d’intérêt pour l’écosystème dans son ensemble. La pratique loisir commence à arriver et marque un tournant dans la structuration de l’Esport avec l’apparition de nouveaux besoins en termes de compétences d’encadrement et de formation.

Malgré tout, “il faut du professionnalisme dans l’amateurisme” (Patick Jammes) et c’est en ça que l’Esport apporte sa touche dans l’organisation des évènements sportifs, “L’Esport pousse le Sport classique : la partie amatrice est de plus en plus faite comme une professionnelle, il y a une grosse inspiration” (Patrick Jammes). Ce professionnalisme dans le sport amateur vient notamment du besoin de sécurité des participants, pratiquants, compétiteurs, mais aussi de l’expérience utilisateur, expérience supporters, qui touche alors l’attractivité.

De par cette évolution, nous pouvons observer l’émergence d’évènements “Mixtes”, permettant à des participants amateurs de concourir à côté ou contre des compétiteurs professionnels. Autre touche Esportive, le fait que le Sport sort parfois de la dépendance à la fédération, pour aller vers un modèle spectacle, comme en natation par exemple. Au-delà de la complémentarité dans la structuration (du mouvement, des évènements, de l’attractivité) cette mixité permet “à des participants pas forcément bien équipés d’accéder à des configurations tout confort” (Nicolas Sauvant-Magnet).

Compétition de natation organisée par l’ISL, le 18 octobre 2020. (SZILARD KOSZTICSAK / MTI). Article ici

Sport et Esport ont tous deux à apporter, sans se marcher dessus ! Leurs spécificités permettent de progresser à tous les niveaux et cette mise en abyme fait ressortir la dernière notion abordée plus haut : les évolutions sociétales.

L’Esport permet une évolution sociale et sociétale

La crise sanitaire a mis en avant cette évolution, et l’a aussi accélérée : nous parlons ici de la révolution numérique.

Cette révolution numérique “est primordiale afin d’engager les évolutions environnementales” (François-Michel Lambert), mais elle fait face à de grandes disparités territoriales, politiques et d’investissements. En effet, “la culture numérique est un état d’esprit” (Medhi Hellali).

Malgré une guerre à l’attractivité entre certaines régions, nous pouvons trouver portes closes chez d’autres. L’effervescence constatée autour de l’Esport, pas uniquement concentrée sur l’Esport, crée parfois des clivages territoriaux, des vides et un déséquilibre dans le développement de start-up ou de pôles de compétitivité.

Nous ne pouvons plus taire le fait que l’Esport crée de l’emploi, fait évoluer le marketing et la communication, participe aux progrès et aux actions tournées vers l’environnement et le développement durable. Si au départ on peut voir l’Esport comme un marché de niche, on se rend vite compte qu’il “peut être coordonné à des décisions familiales, économiques, touristiques” (Medhi Hellali), et donc des décisions de société dans son ensemble.

L’Esport ne doit pas être [constamment] comparé au sport, mais doit être vu sur ses spécificités” (François-Michel Lambert), afin d’engager des politiques sociales, économiques et environnementales synonymes de progrès et d’écosystème, de lien et d’ouverture vers les possibles.

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